La gravure, entre moyen de diffusion et œuvre d’art
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L'utilisation de la gravure pour la diffusion des œuvres d'art est importante au 15e siècle, dans un monde qui ne connaît ni les musées ni la photographie.
Le désir de diffusion des œuvres suscite les premières gravures florentines sur métal. L'orfèvre Maso Finiguerra a l'idée d'encrer ses plaques incisées, destinées à l'origine à faire des nielles (incrustation noire pratiquée sur un métal), pour reproduire sur un papier le dessin de ses œuvres. Il peut ainsi contrôler son travail, et fournir à ses clients ou à ses élèves des échantillons de son style.
Ce même désir de populariser leurs œuvres décide Andrea Mantegna, puis Raphaël, à utiliser la gravure, qui apparaît très liée à un monde où l'œuvre d'art conquiert son indépendance, déborde le cadre des cours féodales et entre dans le circuit du commerce international.
La gravure atteint une telle qualité qu'elle est considérée comme un art presque autonome de reproduction ; elle assure cette fonction jusqu'à l'invention de la photographie en 1839. Rubens s'attache des graveurs pour reproduire ses œuvres, pratique qui augmente le prestige des peintres. Le profit de ces gravures à succès dépasse souvent celui des tableaux. Certains graveurs se disputent l'exclusivité des reproductions des grands peintres.
Au 19e siècle, les premiers marchands de tableaux font appel à la gravure pour illustrer leurs catalogues. Ce rôle de la gravure, complément et support commercial de la peinture de chevalet, pose le problème de la propriété artistique et inquiète souvent les artistes. En Angleterre, la loi protège bien les artistes, pour des raisons strictement commerciales. En France, le graveur Robert Nanteuil obtient de Louis XIV, pour ses confrères, un statut d'artistes libéraux qui leur permet d'entrer à l'Académie, où ils sont d'ailleurs assez souvent méprisés.
L'invention de la photographie entraîne à long terme la disparition de la gravure de reproduction. Les peintres utilisent la gravure de plus en plus comme un art original, en raison de la richesse de ses procédés. Si bien que pour l'artiste il y a toujours eu 2 genres de gravures : un moyen de reproduction pratique et nécessaire lié à la diffusion et un moyen d'expression individuel utilisé, depuis le 17e siècle, par presque tous les peintres.