L’oratorio : un genre sacré et profane
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L'oratorio, né dans un lieu de prière, se détacha peu à peu de ses origines jusqu'à devenir un genre mixte, tantôt sacré, tantôt profane.
L'oratorio est né, comme l'indique l'étymologie, dans les oratoires (petites chapelles) de Rome. Au début, c'est-à-dire dans la seconde moitié du 16e siècle, ce fut une musique improvisée par l'assemblée réunie autour du prédicateur et dirigée par lui, empruntant souvent des mélodies connues plaquées sur des textes de circonstance. Cette forme s'anoblit assez rapidement en se situant dans la tradition des laudes (chansons religieuses) des franciscains du Moyen Âge. Elle se transforma aussi en dramatisant de plus en plus le texte original par l'introduction d'un narrateur et d'une série de formes allant de la simple répétition chorale (éventuellement à l'unisson) des parties solistes jusqu'à une diversification utilisant toutes sortes de combinaisons vocales et même instrumentales.
Jusqu'au 18e siècle, le nom d'oratorio est en principe réservé aux ouvrages d'inspiration religieuse, et les compositions profanes sont dotées des appellations les plus diverses. C'est ainsi qu'à côté de ses oratorios sacrés proprement dits, Georg Friedrich Haendel compose une série de grandes cantates sur des sujets mythologiques ou allégoriques, considérées aujourd'hui comme des oratorios profanes. Parmi les cantates profanes de Jean-Sébastien Bach, plusieurs sont qualifiées de drame en musique, et relèvent ainsi du principe de l'oratorio. Un demi-siècle plus tard, Joseph Haydn appelle expressément oratorio Les Saisons (1801) – succession de 4 cantates dont les références religieuses sont réduites au minimum –, contribuant ainsi de façon décisive à la sécularisation partielle du genre. Robert Schumann, enfin, nomme « oratorio profane » Le Paradis et la Péri (1843).