L’instabilité gouvernementale de la Quatrième République
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La Quatrième République ne dure que 11 ans et demi, de fin 1946 à juin 1958. C'est un des systèmes institutionnels les plus courts de l'histoire nationale. Déjà contestée par une partie de l'opinion publique au moment de sa création, la Quatrième République a progressivement déçu ses plus chauds partisans, du fait de l'instabilité ministérielle importante qu'elle a connue.
Cette instabilité gouvernementale n'est pas d'abord un effet des mécanismes constitutionnels. L'absence de pouvoirs forts des présidents du Conseil tient au moins autant à la tradition politique française qu'aux institutions. Ainsi, sous la Quatrième République, les présidents du Conseil ont souvent démissionné sans y avoir été contraints par les règles constitutionnelles. En fait, les présidents démissionnèrent souvent dès qu'un de leurs textes était refusé par l'Assemblée, alors que cette absence de soutien résultait fréquemment de l'addition des contraires, incapables de construire ensemble une politique cohérente, et non de l'existence d'une autre majorité, capable de gouverner. Quelques démissions furent aussi simplement le produit des divisions internes entre ministres, que leur président n'arrivait pas à réguler.
En fait, les partis politiques français restent faibles et émiettés, et souvent divisés en tendances. Les élites politiques manquent d'une culture de gouvernement, les partis pensent essentiellement à défendre des principes et à manifester des idées, la gestion du pays sur la base de compromis politiques et sociaux n'est pas leur priorité. Dans cette situation de faiblesse organisationnelle, où les jeux personnels sont fréquents, les gouvernements ne peuvent être que précaires.
La forte instabilité gouvernementale a ainsi rendu très difficile la mise en œuvre des politiques publiques et les réponses aux problèmes urgents, notamment ceux du devenir des colonies françaises. Les déficiences du gouvernement ont donné beaucoup plus de poids aux administrations et à l'armée, qui se sont régulièrement substituées aux hommes politiques. Les grands idéaux démocratiques ont en fait débouché sur des pratiques qui n'étaient parfois pas très démocratique.