L’évolution du paysage chez Claude Lorrain
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L'art de Claude Lorrain n'a cessé d'évoluer et de s'approfondir. Presque tous les tableaux importants ont été créés par paires, la liaison entre les 2 pendants étant marquée par des contrastes de composition, de sujet et d'atmosphère. La lumière claire et froide du matin vient de gauche, la lumière chaude du soir vient de droite. Outre cette règle, Claude Lorrain varie à l'infini les effets de soleil et de jour. Il est resté le grand peintre de la lumière.
Claude Lorrain a peint de nombreux paysages. Tout d’abord de style classique, ses paysages intègrent ensuite des figures héroïques, pour revenir vers la fin de sa vie vers des représentations plus champêtres.
Le paysage classique a 2 composantes principales, l'une stylistique, l'autre thématique. Comme le peintre de figures étudie son modèle et l'idéalise afin d'éliminer les imperfections de la nature, Claude Lorrain étudie de la campagne romaine ; mais il la modifie suivant un sens idéal de la beauté. Devant ses tableaux, on imagine toujours la présence de Rome et de ses environs. Son inspiration classique lui est venue des derniers paysages d'Annibale Carrache et du Dominiquin. Son art, pittoresque jusqu'alors, devient classique. Les proportions internes de ses compositions sont calculées avec une précision digne d'un maître de la Renaissance.
Claude Lorrain se voue ensuite au second élément du paysage classique : le sujet. Les sujets mythologiques et religieux animent de plus en plus ses paysages ; la simple danse champêtre devient alors les Noces d'Isaac et de Rébecca (1648). Cette période est illustrée par le Jugement de Pâris (1645). Les personnages, qui n'étaient d'abord que des ajouts, conditionnent dès lors la structure entière de chaque tableau, de sa composition jusqu'au choix des détails. L'application de la loi du juste rapport entre le thème et la forme, observée par tous les artistes classiques, devient extrêmement raffinée chez Claude Lorrain. Les arbres, les rochers et les plans sont pour lui ce que les figures représentent pour le peintre d'histoire. Ainsi, il place un hêtre isolé et majestueux près de héros tels que Moïse devant le buisson ardent ou David.
Cette phase classique est suivie, de 1650 à 1660, d'une phase monumentale et héroïque, caractérisée par de très grands tableaux : le Parnasse (1652) ; Le Veau d'or, Jacob et Laban (1654) ; Le Christ au mont Tabor, David, et Esther. Ces tableaux, où des sujets bibliques graves dominent, sont l'expression la plus virile et la plus grandiose de Claude Lorrain.
Sa production continue pendant les 10 années suivantes, au cours desquelles l'ampleur artistique s'épanouit une fois de plus. Les sujets classiques atteignent désormais à une importance égale aux sujets religieux : le Sacrifice du père de Psyché, Le Château enchanté, Les Quatre Heures du jour, Moïse, etc. On peut caractériser ce paysage comme idéal et antique.
Pendant les dernières années de sa vie, Claude Lorrain produit sans interruption, mais à une cadence un peu ralentie. Le paysage pur, sans architecture, et la poésie pastorale apparaissent de nouveau.