L’esprit de la frontière américaine
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Dans l'histoire des États-Unis, le mot frontière ne signifie pas seulement une limite politique entre deux pays. Il définit aussi la zone extrême du peuplement des pionniers face aux grands espaces sauvages de l'Ouest américain. La frontière est donc à la fois un territoire mobile et vague (« là-bas vers l'Ouest ») et un état d'esprit de conquête, qui a façonné la société américaine.
D'après le Bureau du recensement américain, la frontière correspond à une zone de peuplement dans laquelle la densité doit être comprise entre 2 et 6 habitants par mille carré (2,59 km2).
La frontière n'a donc pas cessé de se déplacer du début du XVIIe à la fin du XIXe siècle. Lorsque les premiers colons débarquent en Amérique, elle se confond avec la côte atlantique. Puis, à la veille de l'indépendance des colonies en 1776, elle franchit les Appalaches. Vers 1830-1840, elle atteint le Texas ; vers 1850, la Californie ; après la guerre de Sécession, les Grandes Plaines. Elle progresse grâce à l'attrait des mines d'or et d'argent, des immenses pâturages, des terres à cultiver. Elle est donc une étape du peuplement de l'Ouest ou de la mise en valeur du continent nord-américain.
Cette progression vers l'Ouest a profondément marqué l'histoire des États-Unis. L'Américain y a manifesté et développé son goût de l'initiative personnelle, de l'aventure, voire de la violence. Son comportement à l'égard des Indiens ou des Mexicains est celui du conquérant persuadé qu'il peut tout se permettre. La lutte contre la nature et contre les animaux sauvages forge, croit-il, les caractères. Aussi, l'Amérique subit un choc quand elle apprend, en 1890, que la frontière a cessé d'exister. Elle tourne alors son regard vers l'extérieur faisant des États-Unis une nouvelle puissance impérialiste. La frontière est, depuis lors, un mythe qui symbolise le rêve américain des espaces immenses et de la liberté.
