Journalisme et littérature
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Dès les années 1920, des pays jusqu'alors difficiles d'accès deviennent pour les écrivains un véritable terrain d'exploration. Sur les traces de Joseph Conrad, cette description des « mondes lointains » s'accompagne souvent d'une virulente critique du colonialisme.
Dans les années 1920, le prestige de l'aventure dans les milieux littéraires a jeté sur les routes lointaines des jeunes gens comme Morand, Segalen, Cendrars, Malraux, Kessel, sans parler des voyageurs par profession et par goût, les diplomates Claudel, Saint-John Perse... Il a multiplié le nombre d'écrivains globe-trotters, à l'affût des civilisations différentes de la leur. D'où les voyages en Extrême-Orient, en Afrique, en Russie soviétique. Du même ordre est le prestige du reportage qui se veut au cœur de l'événement. La pratique et la mode des grands reportages dans Le Petit Parisien, Paris-Soir, L'Intransigeant, sous des signatures souvent réputées (Élie Faure, Simenon, Malraux), donnent du prestige à une écriture fondée sur le témoignage et l'authentiquement vécu. « Tout journaliste a dans ses tiroirs un roman inachevé », a écrit Hemingway. En retour, ce sont des reportages qui constitueront la matière première de l'écrivain dans L'Adieu aux armes, Pour qui sonne le glas ou bien encore celle de L'Homme foudroyé de Blaise Cendrars. Mieux, les romanciers, dans leurs récits de fiction, sont tentés de créer « l'illusion du reportage » en lui empruntant ses modalités d'écriture. On a parfois lu Les Conquérants d'André Malraux comme le « journal des combats près de Canton », L'Espoir comme les carnets du commandant de l'escadrille España.