Batterie : styles musicaux
Ce document est lié à l'article «
La batterie est indissociable du jazz et du rock.
La batterie fut d'abord un instrument spécifique du jazz avant de devenir le symbole de la puissance du rock.
Dès les années 1920, dans un monde où la musique de danse est reine, le jazzman Warren « Baby » Dodds impose des solos et un style affranchi des schémas d'accompagnements stéréotypés. Gene Krupa, qui officie dans le big band de Benny Goodman de 1934 à 1938, se rend célèbre par ses longues improvisations, « athlétiques » et spectaculaires. « Papa » Jo Jones est un des premiers à exécuter le « cha-bada », pulsation rythmique ternaire qui consiste à marquer le tempo à la main droite, sur une cymbale. Lorsque le bop et ses petits ensembles de musiciens défricheurs se développe, le motif d'accompagnement obstiné sur la cymbale ride devient la base qui permet une émancipation des autres éléments. Et c'est grâce à Kenny Clarke que la batterie accède enfin, au début des années 1940, au rôle de soliste à part entière.
La batterie d'Elvis Presley, héritée du rhythm' n' blues, marque sauvagement les contretemps au moment où les batteurs commencent à se spécialiser. Ringo Starr, fin coloriste avec les Beatles, explore de nouveaux horizons grâce à une relecture des musiques populaires antérieures. Dans les années 1960, des « batteurs-héros » comme Ian Paice, de Deep Purple, ou John « Bonzo » Bonham, de Led Zeppelin, marquent le rock en combinant un niveau sonore élevé et un goût pour les superpositions complexes. Dans les années 1980, l'arrivée de l'électronique bride dans un premier temps les recherches rythmiques. Malgré tout, des batteurs parviennent à se distinguer ; parmi eux, Steward Copeland qui, pour accompagner la pop agitée du groupe The Police, choisit un jeu fin, inspiré du jazz, du reggae et du rock.
Le jazz a aussi ses virtuoses : Buddy Rich conjugue le sens du spectacle et une technique époustouflante, Elvin Jones participe à la révolution engagée par John Coltrane et Tony Williams préfigure le foisonnement du jazz-rock. Les batteurs marquants de la fin du 20e siècle et du début du 21e sont Billy Cobham, le grand batteur de jazz fusion, Dave Weckl et sa technique d'indépendance presque irréelle, et l'éclectique Steve Gadd, au phrasé aéré.
L'Afrique apporte sa contribution avec des batteurs originaux comme Tony Allen ou Paco Sery, qui renouvellent l'instrument par un retour à ses sources, les tambours.