1793

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Apollinaire et la réinvention de la poésie

Dans une célèbre conférence, L'Esprit nouveau et les poètes, Guillaume Apollinaire imagine en 1917 une « expression lyrique cosmopolite », où l'image, le son et la danse auront aussi leur place. Toutes les avant-gardes reprendront ce thème à leur compte.

Il eût été étrange qu'à une époque où l'art populaire par excellence, le cinéma, est un livre d'images, les poètes n'eussent pas essayé de composer des images pour les esprits méditatifs et plus raffinés qui ne se contentent point des imaginations grossières des fabricants de films. Ceux-ci se raffineront, et l'on peut prévoir le jour où le phonographe et le cinéma étant devenus les seules formes d'impression en usage, les poètes auront une liberté inconnue jusqu'à présent.

Qu'on ne s'étonne point si, avec les seuls moyens dont ils disposent encore, ils s'efforcent de se préparer à cet art nouveau (plus vaste que l'art simple des paroles) où, chefs d'un orchestre d'une étendue inouïe, ils auront à leur disposition : le monde entier, ses rumeurs et ses apparences, la pensée et le langage humain, le chant, la danse, tous les arts et tous les artifices, plus de mirages encore que ceux que pouvait faire surgir Morgane sur le mont Gibel, pour composer le livre vu et entendu de l'avenir.

Guillaume Apollinaire, L'Esprit nouveau et les poètes



Pour citer l'article : « Apollinaire et la réinvention de la poésie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/apollinaire-et-la-reinvention-de-la-poesie/

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