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Quand vous serez bien vieille, de Pierre de Ronsard

En l'adaptant à la langue française, Ronsard renouvelle la forme du sonnet héritée du poète italien Pétrarque.

Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. »

Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de « Ronsard » ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom, de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os ;
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour, et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain ;
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Source : Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, II, 24, 1578



Pour citer l'article : « Quand vous serez bien vieille, de Pierre de Ronsard », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/quand-vous-serez-bien-vieille-de-pierre-de-ronsard/

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