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Méditations poétiques, d’Alphonse de Lamartine (extrait) : « L’Isolement »

Les 5 premières strophes de « L'Isolement », première des Méditations poétiques de Lamartine, permettent de cerner quelques traits caractéristiques du lyrisme romantique : tonalité crépusculaire, dialogue entre le « moi » du poète et le paysage, rythme binaire des vers.

Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

Source : Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, 1820 (extrait)



Pour citer l'article : « Méditations poétiques, d’Alphonse de Lamartine (extrait) : « L’Isolement » », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/meditations-poetiques-d-alphonse-de-lamartine-extrait-l-isolement/

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