Marcel Pagnol, un conteur méditerranéen
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Avec sa trilogie marseillaise (Marius, Fanny, César), portée au théâtre et au cinéma, Marcel Pagnol se révèle un conteur savoureux, à la langue souple et imagée, mais aussi un remarquable peintre de caractères.
Avec Marius (1929), Marcel Pagnol renouvelle, avec beaucoup de finesse et d'habileté, le thème éternel de l'homme écartelé entre 2 désirs également puissants et contradictoires : l'attachement à ses racines (le plus souvent symbolisé, comme c'est ici le cas, par l'amour d'une femme) et la soif d'aventures. Fils d'un modeste cafetier, Marius rêve de partir sur la mer, de découvrir des horizons nouveaux, des rivages lointains. Fanny, son amie d'enfance, amoureuse de lui plus qu'il ne l'est d'elle, comprend qu'il ne sera jamais pleinement heureux s'il renonce à son rêve pour l'épouser. Elle feint une indifférence soudaine pour le détacher d'elle et lui donner la force de partir. Une situation très simple permet ainsi à Marcel Pagnol de camper des personnages très caractérisés. Certains d'entre eux sont devenus de véritables types, comme César, le père de Marius, le maître voilier Panisse, la poissonnière Honorine, mère de Fanny, et M. Brun, l'inspecteur des douanes lyonnais.
C'est avec Marius que Marcel Pagnol met au point sa technique dramatique. Ses pièces ne sont pas construites comme celles de Feydeau, où chaque scène, même la plus brève, est absolument nécessaire au développement de l'histoire. Dans Marius, quelques scènes seulement font évoluer la situation. Les autres se suffisent à elles-mêmes, on pourrait les supprimer sans nuire à la continuité dramatique. Elles constituent des récréations, écrites pour le seul plaisir du dialogue. La plus célèbre de Marius est sans doute « la partie de cartes ».