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Lettres philosophiques, de Voltaire (extrait) : le regard déplacé

La description de la société anglaise, plus tolérante et plus avancée, permet à Voltaire de porter un regard sans complaisance sur une France encore soumise aux privilèges. Dans la cinquième lettre du recueil, il examine avec humour la religion anglicane.

À l'égard des mœurs, le clergé anglican est plus réglé que celui de France, et en voici la cause : tous les ecclésiastiques sont élevés dans l'Université d'Oxford ou dans celle de Cambridge, loin de la corruption de la capitale ; ils ne sont appelés aux dignités de l'Église que très tard, et dans un âge où les hommes n'ont d'autres passions que l'avarice, lorsque leur ambition manque d'aliments. Les emplois sont ici la récompense des longs services dans l'Église aussi bien que dans l'Armée ; on n'y voit point de jeunes gens évêques ou colonels au sortir du collège. De plus, les prêtres sont presque tous mariés ; la mauvaise grâce contractée dans l'Université et le peu de commerce qu'on a ici avec les femmes font que d'ordinaire un évêque est forcé de se contenter de la sienne. Les prêtres vont quelquefois au cabaret, parce que l'usage le leur permet, et s'ils s'enivrent, c'est sérieusement et sans scandale.

Source : Voltaire, Lettres philosophiques, 1734 (extrait)



Pour citer l'article : « Lettres philosophiques, de Voltaire (extrait) : le regard déplacé », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/lettres-philosophiques-de-voltaire-extrait-le-regard-deplace/

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