Les « nations » jusqu’au Moyen Âge
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Aujourd’hui, le mot « nation » est un terme politique qui désigne un groupe humain conscient de sa propre unité, unité héritée de l’histoire et d’une culture commune. Il suppose l’idée d’une volonté de vivre ensemble. Mais, au cours de l’histoire, le mot nation a d’abord été employé pour dénommer une réalité assez différente.
Dans l’Antiquité, le mot « nation » désigne un ensemble d'hommes qui, sans vivre forcément sur le même territoire, ont assez de points communs (une langue ou un groupe de langues proches les unes des autres par exemple) pour se voir reconnaître une identité collective. Ainsi, les Celtes sont pour les Romains une nation distincte de celle des Germains, tandis que les Grecs différencient les Scythes des Perses ou des Mèdes. Mais cela n'empêche pas les Celtes comme les Scythes d'être divisés en une multitude de tribus qui peuvent à l'occasion se faire la guerre les unes les autres.
Par opposition à ces nations, les Romains se regardent eux-mêmes comme un « peuple » organisé (c’est-à-dire un ensemble d’hommes conscients d’appartenir à un groupe structuré par des règles et une culture communes). C’est aussi le cas des Grecs ou des Juifs. Ces derniers se considèrent comme un peuple distinct des nations qui les entourent, que ce soit en Judée ou dans les différentes régions du bassin méditerranéen où ils sont implantés.
Ce sens du mot nation se maintient jusqu'au Moyen Âge. Dans les universités médiévales, les étudiants suivent fréquemment leurs études loin de leur région d’origine. Dans les villes qui les accueillent, ils sont organisés en « nations » (ils sont répartis en fonction de leur origine géographique ou de la langue qu’ils parlent).