Les guérillas d’hier et d’aujourd’hui
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Le phénomène de la guérilla recouvre plusieurs réalités. Il est d'autant plus difficile à saisir que la « petite guerre » n'a cessé de s'adapter aux situations et aux époques. Les guérillas d'hier ne sont plus celles d'aujourd'hui.
Les Américains cachent désormais sous l'appellation de low intensity conflict (conflit de basse intensité) les guérillas actuelles qui, en deçà de la grande guerre, recouvrent diverses formes de violence révolutionnaire.
La confusion s'accroît encore lorsqu'on constate que la violence, naguère monopole de l'État et donc de ceux qui s'opposaient à lui par les armes, est sortie de ce carcan. Elle s’est disséminée, « sociologisée » par la multiplication des tensions communautaires, par exemple, ou la remise en cause des allégeances. Des gangs, des bandes se créent ou se perpétuent. Une culture de violence s'est instaurée à force de luttes sociales et de guerres de libération.
Le cas du Renamo (la guérilla de la Résistance nationale du Mozambique), au Mozambique, en est l'illustration : ce mouvement, après avoir animé la résistance armée villageoise contre le Frelimo (Front de libération du Mozambique, au pouvoir), de 1975 à 1992, n'a plus ni projet ni finalité spécifique ; il persiste pourtant à exister en tant qu'institution armée se suffisant à elle-même. Bref, la guérilla n'est plus le fait d'une meute, mais de chiens errants.
S'ajoute le narcotrafic, les guérillas de la drogue dans le Triangle d'or (en Asie du Sud-Est), les cartels de Colombie, les mafias criminelles de toutes sortes... On est loin de Robin des Bois ou de l'austère combattant communiste faisant son autocritique. La guérilla s'adapte. Utilisée pendant la guerre froide comme un moyen pour les 2 grandes puissances de s'affronter par personnes interposées sans risque nucléaire, elle reflétait les grands dilemmes idéologiques. Elle tend aujourd'hui à illustrer un monde de fractures et d'instabilités.