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Les émeraudes d’antan

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Jadis, on attribuait à l'émeraude de nombreux pouvoirs. Sa couleur verte, symbole d'espoir et de vie éternelle, en fit un emblème pour de nombreuses religions.

L'art moghol nous a laissé de magnifiques émeraudes sur lesquelles sont gravés des versets du Coran, et plusieurs tiares papales furent ornées de ce précieux minéral.

L'émeraude était aussi censée protéger la famille. Dans l'Amérique précolombienne, l'Inca (c'est-à-dire « le seigneur ») portait l'émeraude en signe de sa souveraineté, et ses sujets lui faisaient offrande des pierres qu'ils trouvaient afin de préserver la chasteté des jeunes filles et d'assurer la fidélité des épouses. L'emplacement des mines de Muzo fut oublié lors de la Conquête espagnole, et ce n'est qu'en 1764 qu'elles furent redécouvertes par hasard.

Les émeraudes des mines du roi Salomon, dites ensuite mines de Cléopâtre (Cléopâtre VII), au bord de la mer Rouge, furent diffusées sur tout le pourtour méditerranéen, où on les négociait très cher, en particulier chez les Romains, qui leur attribuaient de multiples vertus thérapeutiques et leur assuraient la promesse de belles récoltes. Symbole d'amour à Rome, l'émeraude était l'attribut de Vesta et de Vénus.

De merveilleuses pièces sont gardées dans plusieurs musées. Parmi elles, on peut citer la découverte que fit en 1993 une équipe de plongeurs dirigée par Victor Benilous, à 12 milles nautiques de la côte de Floride, dans l'épave d'un vaisseau coulé en 1756 : 75 000 carats d'émeraudes brutes et taillées d'origines aztèque et maya, dont une croix en or, mesurant 7,9 cm × 4,9 cm, ornée de 7 émeraudes en cabochon, et, surtout, la « Reine Isabelle », une magnifique émeraude de 964 carats ayant appartenu à Hernán Cortés et que l'on croyait perdue à jamais, de forme rare, oblongue. On peut voir au Kunsthistorisches Museum de Vienne, en Autriche, un flacon à onguent de 12 centimètres de hauteur, pesant 2 680 carats, taillé dans une seule émeraude par Denis Miseromi en 1642 pour les Habsbourg. Le musée de Topkapi, à Istanbul, est célèbre pour sa collection d'émeraudes, qui comptent parmi les plus belles et les plus grosses (dont une qui pèse 1 400 carats), butin pris essentiellement à l'Égypte par le sultan Selim Ier en 1517. D'autres spécimens prestigieux de plusieurs centaines de carats sont conservés au British Museum de Londres, à l'American Museum of Natural History de New York, dont un cristal vert sombre de l'Oural de 2 800 carats, au fonds diamantaire de Russie et dans le trésor impérial d'Iran. On peut citer aussi un cristal colombien de 6 000 carats conservé au Banco de la República, à Bogotá.

Enfin, le « collier de la Liberté » est une pièce magnifique composée de 13 grosses émeraudes en poire et de 26 émeraudes taillées à degrés. Il appartenait à une comtesse polonaise dont l'amant, un gentilhomme français, combattit avec La Fayette au côté des insurgés américains, dans Philadelphie assiégée, pendant la guerre de l'indépendance des États-Unis. Elle donna son collier à Benjamin Franklin qui, à Paris, cherchait des fonds afin d'acheter des armes et des munitions pour sauver son pays. Franklin engagea le collier auprès des banques, Philadelphie fut sauvée et la comtesse retrouva son amant. Le collier fait aujourd'hui partie de la collection du joaillier Van Cleef et Arpels.

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Encyclopædia Universalis. Les émeraudes d’antan [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )