Les conséquences de la colonisation espagnole sur les populations amérindiennes
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En Amérique, le nombre des Indiens ne cesse de diminuer tout au long du 16e siècle, principalement en raison des maladies apportées par les Européens.
En Nouvelle-Espagne (Mexique et presque toute l’Amérique centrale d’aujourd’hui), par exemple, la population indigène passe vraisemblablement de 25 millions d'habitants en 1520 à 2,7 millions en 1565-1570, pour tomber à moins de 1,5 million en 1595-1605, soit une diminution de près de 95 % en trois quarts de siècle. Les évaluations relatives à l'Amérique du Sud andine sont moins catastrophiques : la diminution moyenne atteint de 20 à 30 % de 1530 à 1660, ce qui est déjà considérable.
Les raisons de cet effondrement démographique sont d'importance inégale. Le choc de la conquête et les violences qui la suivent immédiatement sont aggravés par divers aspects de la politique de colonisation. L'établissement du tribut, les excès de l'esclavage et de l'encomienda (l'organisation du travail forcé), les regroupements de population donnent lieu à d'innombrables abus et bouleversent les conditions de vie des Indiens. L'évangélisation détruit, sans toujours le remplacer pleinement, l'univers religieux indigène. La société indienne se trouve ainsi, culturellement et matériellement, dans un état de moindre résistance.
Mais les agents principaux des catastrophes démographiques sont les épidémies ; les Européens sont porteurs de microbes contre lesquels les Indiens ne possèdent aucune immunité. Ce sont les grands fléaux : petite vérole de 1521, « pestes » de 1545-1546, matlazahualtl (peut-être le typhus) de 1576-1579, de 1588 et 1595, qui manquent d’exterminer les Indiens du Mexique. Les épidémies ne connaissent pas la même virulence sur les plateaux andins, du moins jusqu'en 1720, peut-être en raison de conditions climatiques exceptionnelles. C’est pourquoi les populations de l'ancien Empire inca résistent plus facilement aux effets du contact avec les Européens.