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Le Rouge et le Noir, de Stendhal (extrait) : le réalisme subjectif

Dans la deuxième partie du Rouge et le Noir, Julien Sorel vient à Paris. Il va travailler comme secrétaire du marquis de La Mole. Pour raconter la découverte de ce monde inconnu, représenté ici par la bibliothèque du marquis, la narration mêle des données objectives et d'autres, qui expriment le discours intérieur de Julien. C'est la focalisation interne.

Peu de minutes après, Julien se trouva seul dans une bibliothèque magnifique ; ce moment fut délicieux. Pour n'être pas surpris dans son émotion, il alla se cacher dans un petit coin sombre; de là il contemplait avec ravissement le dos brillant des livres: Je pourrai lire tout cela, se disait-il. Et comment me déplairais-je ici ? M. de Rênal se serait cru déshonoré à jamais de la centième partie de ce que le marquis de La Mole vient de faire pour moi.

Mais, voyons les copies à faire. Cet ouvrage terminé, Julien osa s'approcher des livres ; il faillit devenir fou de joie en trouvant une édition de Voltaire. Il courut ouvrir la porte de la bibliothèque pour n'être pas surpris. Il se donna ensuite le plaisir d'ouvrir chacun des quatre-vingts volumes. Ils étaient reliés magnifiquement, c'était le chef-d'œuvre du meilleur ouvrier de Londres. Il n'en fallait pas tant pour porter au comble l'admiration de Julien.

Source : Stendhal, Le Rouge et le noir, 1830 (extrait)



Pour citer l'article : « Le Rouge et le Noir, de Stendhal (extrait) : le réalisme subjectif », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/le-rouge-et-le-noir-de-stendhal-extrait-le-realisme-subjectif

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