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Le Neveu de Rameau, de Denis Diderot (extrait) : un parasite philosophe

Dès le début du livre, Diderot brosse un portrait de son personnage, rencontré au Palais-Royal. Il souligne immédiatement son ambivalence, sa capacité à changer d'apparence selon la bonne ou la mauvaise fortune.

Rien ne dissemble plus de lui que lui-même. Quelquefois, il est maigre et hâve, comme un malade au dernier degré de la consomption ; on compterait ses dents à travers ses joues. On dirait qu'il a passé plusieurs jours sans manger, ou qu'il sort de la Trappe. Le mois suivant, il est gras et replet, comme s'il n'avait pas quitté la table d'un financier, ou qu'il eût été renfermé dans un couvent de Bernardins. Aujourd'hui, en linge sale, en culotte déchirée, couvert de lambeaux, presque sans souliers, il va la tête basse, il se dérobe, on serait tenté de l'appeler, pour lui donner l'aumône. Demain, poudré, chaussé, frisé, bien vêtu, il marche la tête haute, il se montre et vous le prendriez au peu près pour un honnête homme. Il vit au jour la journée. Triste ou gai, selon les circonstances.

Source : Denis Diderot, Le Neveu de Rameau, 1805 (extrait)



Pour citer l'article : « Le Neveu de Rameau, de Denis Diderot (extrait) : un parasite philosophe  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/le-neveu-de-rameau-de-denis-diderot-extrait-un-parasite-philosophe/

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