Le jazz modal
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À partir de la fin des années 1950, des jazzmen adoptent une démarche dans laquelle la modalité prévaut sur la tonalité. Tous les courants du jazz vont peu à peu être concernés par cette approche.
Le jazz modal ne peut pas vraiment être considéré comme un courant à part entière ; il s'agit plutôt d'une approche dans l'improvisation promue dans les années 1950 par le compositeur, batteur, pianiste et pédagogue George Russell, avec ses théories sur le mode lydien, exposées dans son livre The Lydian Chromatic Concept of Tonal Organization for Improvisation (1959).
Dès 1958, Miles Davis s'intéresse aux climats créés par l'improvisation modale, notamment dans son album Milestones : dans le titre du même nom, le pianiste Red Garland joue des séquences d'accords répétées pendant que les solistes improvisent en mode dorien (mode de ré) et en mode éolien (mode de la). En 1959, Miles Davis poursuit ce travail avec Bill Evans dans l'album Kind of Blue, où la pièce So What est fondée sur le même type de construction, qui inspirera également John Coltrane (Impressions, 1961).
On peut interpréter l'arrivée de la modalité comme une volonté de trouver de nouvelles couleurs sonores plus méditatives hors des chemins obligés du système tonal. Le langage modal comprend souvent des incursions dans le blues, l'utilisation de modes pentatoniques (à 5 sons), des séquences harmoniques répétitives, des basses obstinées, ou l'emploi d'échelles plus rares. Utiliser les modes ne veut pas dire renoncer aux autres formes d'improvisations.
Le free jazz va également puiser dans cette source (Ascension de John Coltrane, 1965 ; Ornette Coleman...). À partir des années 1970, le jeu modal fait partie intégrante du langage du jazz. Il est aussi abondamment utilisé dans le jazz rock (Maiden Voyage, de Herbie Hancock, 1965) et le jazz funk (Marcus Miller).