Le feuilleton, une littérature industrielle
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Parce qu'il doit s'accorder au rythme et aux exigences de la presse, le travail du romancier populaire est extrêmement contraignant. On est très loin ici de l'image romantique du créateur. Le travail a remplacé l'inspiration.
Même les plus fortunés connaissent la servitude du feuilletoniste, forcé de remettre sa copie au jour le jour et dans l'urgence. Auteur vedette du Petit Journal, Émile Gaboriau se lamente, dans une lettre à sa sœur : « Pris à l'improviste par Le Dossier no 113 [...], je l'écris au jour le jour et j'ai donné hier soir le feuilleton que vous lirez demain matin. On n'imagine pas, quand on n'en a pas tâté, ce que c'est qu'un travail pareil. L'assujettissement est affreux. On ne peut disposer d'une minute, la préoccupation est constante [...]. Ajoute à cette meule quotidienne la révision de mes volumes, un ou deux articles par semaine et tu avoueras que les billets de banque qui pleuvent chez moi sont bien gagnés. »