La Société des amis des Noirs
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À la fin du 18e siècle, un mouvement en faveur de l’abolition de l’esclavage apparaît dans plusieurs pays (Angleterre, France, États-Unis). Il est représenté en France par la Société des amis des Noirs.
Fondée en 1788, la Société des amis des Noirs se proposait de mettre en œuvre la doctrine antiesclavagiste et abolitionniste qui avait pris forme tout spécialement en Angleterre avec William Wilberforce, pour atteindre, vers 1780, les sphères politiques de France ; le ministre Necker lui-même s'y intéresse. En 1789, un ecclésiastique défenseur de l’égalité des droits, l'abbé Grégoire, adhère à la Société des amis des Noirs et en devient un des principaux animateurs. Le programme de la Société est exposé dans une adresse au corps électoral présentée sous le titre Au corps électoral, contre l'esclavage des Nègres. La plupart des adhérents sont des membres de l'Assemblée constituante, où ils luttent pour l'égalité politique et sociale des mulâtres (les « sang mêlé ») et des Nègres libres, tandis que les colons des Antilles, voyant dans les idées révolutionnaires une menace, veulent interdire l'application aux colonies des principes de la Déclaration des droits de l'homme.
L'objectif des Amis des Noirs est bien de préparer la suppression de la traite et l'abolition de l'esclavage. Mais ils se heurtent aux intérêts des colons et à la haine des Montagnards, qui les envoient à l'échafaud ou les conduisent au suicide. Seul l'abbé Grégoire échappe à la répression. Il est même élu à la Convention, où il demande « la mise hors la loi du commerce infâme ». Sous son impulsion et celle de Danton, la Convention abolit l'esclavage le 4 février 1794. Bonaparte, Premier consul, le rétablit le 20 mai 1802. L'abbé Grégoire, qui continue de se battre et de publier des brochures en faveur de l'abolition de l'esclavage en France, meurt néanmoins, en 1831, sans avoir vu son pays revenir à la décision prise en 1794.