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La scène et l'art total

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Les arts de la scène, marqués par la pensée de Richard Wagner au 19e siècle, offrent un espace privilégié aux rencontres entre les différentes disciplines artistiques. Les exemples de collaboration fructueuse entre créateurs de tous bords foisonnent durant la première moitié du 20e siècle.

En 1909, le peintre et écrivain Oskar Kokoschka envisageait une collaboration avec le compositeur Arnold Schönberg pour sa pièce Assassin, espoir des femmes. En 1913, l’écrivain Alexeï Kroutchenykh et les peintres Mikhaïl Matiouchine et Kasimir Malevitch créaient Victoire sur le soleil. En 1917, l’écrivain Jean Cocteau, le peintre Pablo Picasso et le compositeur Erik Satie présentaient Parade avec les Ballets russes. En 1918, la première de l'Histoire du soldat réunissait l’écrivain Charles-Ferdinand Ramuz, le compositeur Igor Stravinski, le peintre René Auberjonois et les comédiens Georges et Ludmilla Pitoëff.

De 1908 à 1914, le peintre Wassily Kandinsky avait exploré les relations entre sons, couleurs, formes et mouvements dans divers projets, dont la Sonorité jaune, conçue avec le compositeur Thomas von Hartmann, est la plus aboutie.

Le Christophe Colomb de l’écrivain Paul Claudel et du compositeur Darius Milhaud, monté à Berlin (1930) puis à Bordeaux (1953) avec des projections cinématographiques, sera qualifié de « théâtre total ». Il en va de même de l'opéra Les Soldats du compositeur B.A. Zimermann, en 1965, qui mêle cinéma, photographie, danse, pantomime et bande magnétique. Quant aux spectacles (Odyssée et Minotaure) montés au théâtre de la Laterna magika par le scénographe Josef Svoboda, où l'image devient acteur, ils multiplieront les effets spéciaux, conjuguant danse, cinéma, vidéo, projections électroniques, jeux de miroirs, etc.

On ne saurait surestimer le rôle central de la danse dans l’art total. En 1913, l’artiste Valentine de Saint-Point avait inventé la Métachorie, mélange de poésie, musique et mouvement, et l'année suivante, la danseuse Loïe Fuller présentait au Théâtre du Châtelet ses Symphonies synesthésiques. Les Ballets suédois donnaient en 1923 la première de La Création du monde, réunissant le poète Blaise Cendrars, le compositeur Darius Milhaud et le peintre Fernand Léger, qui qualifia l'événement de « scène d'invention totale ». En 1949, le compositeur Arthur Honegger écrivait la partition d'un ballet imaginé par le peintre musicaliste Ernest Klausz, La Naissance des couleurs. La collaboration du chorégraphe Merce Cunningham, du compositeur John Cage et du peintre Robert Rauschenberg poursuivra cette tradition. 

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Pour citer ce document

Encyclopædia Universalis. La scène et l'art total [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )