La « révolution nationale » : principales caractéristiques
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Le maréchal Pétain entend mettre en œuvre le grand dessein de remodeler la France, dans ce qui est appelé la « révolution nationale ». Celle-ci doit instaurer « un État national, autoritaire, hiérarchique et social », qui façonnera, dans les jeunes générations, un « homme nouveau ».
Six points peuvent caractériser l'idéologie du nouveau régime : la condamnation sans appel de l'individualisme ; le refus du principe égalitaire ; une pédagogie anti-intellectualiste ; la défiance à l'égard de l'industrialisme ; l'appel à un rassemblement national ; l'affirmation d'un nationalisme fermé.
Pour combattre l'individualisme, il convenait de redonner toute leur place à ce qu'on estimait être des « communautés naturelles », c'est-à-dire à la famille, le travail, la patrie. Si la mère de famille est honorée, si la maternité est assimilée à un devoir national, c'est bien le père qui demeure le « chef de famille ».
Le refus de l'égalitarisme est l'autre grand principe de l'idéologie de Vichy. On tenait pour particulièrement dangereuse la tyrannie démagogique du suffrage universel ; il fallait également rétablir à chaque niveau les hiérarchies, restaurer de véritables élites sociales et professionnelles, en les formant dans des écoles spécifiques de cadres.
Le discours dominant répudie l'industrialisme, car il est trop lié au capitalisme. Le modèle vanté est celui d'une France à dominante rurale et artisanale, où serait tout particulièrement honoré le paysan.
À l'image de tous les régimes autoritaires, les responsables de Vichy s'efforcèrent de promouvoir « une politique de la jeunesse », mettant en œuvre une nouvelle pédagogie : défiance de tout intellectualisme, réhabilitation de la morale, du travail manuel et des exercices physiques. Cette politique se concrétisa dans la promotion du sport et la mise sur pied de mouvements de jeunesse.
L'une des caractéristiques de l'idéologie de la « révolution nationale » est une très profonde xénophobie, véhiculée depuis plusieurs décennies par le national-populisme. Même le juif de nationalité française devait être traité comme un demi-étranger, voire un étranger tout court, puisqu'il était considéré, par définition, comme inassimilable.