La représentation du corps humain chez Michel-Ange
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L'œuvre de Dieu la plus parfaite sur cette terre est l'homme et son corps, créé à Son image. C'est à la création de corps humains admirables que s'adonna constamment Michel-Ange, désireux d'« imiter l'art de Dieu immortel ». Ce choix a entraîné chez lui 3 types d'études.
Michel-Ange pratique l'anatomie surtout à Florence dans les années 1490 et à Rome dans les années 1540. Il collabore à cette date avec son ami médecin Realdo Colombo à l'illustration d'un traité d'anatomie. Les corps peints ou sculptés par Michel-Ange sont rarement exacts, mais toujours soumis à une volonté d'art, à la fois esthétique (allongement des figures) et expressive (distorsions destinées à mettre en évidence une expression morale).
Michel-Ange s'intéresse aussi aux proportions du corps humain, qui a été le sujet de recherches théoriques de nombreux prédécesseurs. Il s'intéresse à l'aspect mathématique, mais surtout à l'effet artistique de ces proportions. L'historien d'art Gorgio Vasari a résumé cette attitude : « Les figures, il leur donnait un canon de 9, 10 ou 12 têtes, en se proposant exclusivement de faire naître de leur association une sorte d'harmonie dans une grâce supérieure à la nature. Car, disait-il, il faut avoir le compas dans l'œil, non dans la main ; les mains travaillent, l'œil juge. Et cette attitude fut aussi la sienne pour l'architecture. »
Pour Michel-Ange, la représentation du corps humain n'est rien si elle ne tient pas compte du mouvement, lié à la vie. Le mouvement du corps humain a une double signification dans son art. Il est le moyen de traduire les passions de l'âme : le mouvement est alors proportionnel à la passion qui anime le personnage, comme dans le Saint Matthieu pour la cathédrale de Florence (1505-1506). Il est aussi le moyen de mettre en valeur la musculature puissante ou la finesse des articulations, ou l'élégance des contours d'un corps, pour des raisons uniquement esthétiques. Ces 2 tendances existent ensemble sur la voûte de la Sixtine : les mouvements contrastés des Prophètes et des Sibylles expriment l'inspiration et la fureur, mais les poses invraisemblables des nus masculins qui encadrent les scènes bibliques ont une fonction essentiellement décorative.