La peinture de genre flamande et hollandaise
Dans les Pays-Bas du Nord, la scène de genre connaît un fort développement. Pour la première fois dans l'histoire de la peinture, la vie quotidienne des êtres anonymes devient le sujet des peintres de figures, dans un pays dominé par la religion calviniste, qui professe un iconoclasme rigoureux (interdiction de représenter des images saintes) et tend à valoriser la vie laïque. Parallèlement à l'essor du paysage, le phénomène de la vue urbaine et du portrait répond à la demande des classes moyennes, lesquelles gouvernent économiquement le pays.
Une part de la peinture hollandaise reste enracinée dans l'héritage flamand : joyeuses compagnies, scènes paysannes, intérieurs montrant des servantes au travail, des charlatans, des érudits. Un des artistes les plus proches de cette tradition est Jan Steen, dont les peintures montrant des personnages s'adonnant à leurs passions ont un contenu satirique manifeste. Mais, à partir du milieu du 17e siècle, une conception spécifiquement hollandaise s'affirme. À Amsterdam, notamment, Gabriel Metsu et Gérard ter Borch peignent des intérieurs raffinés où des femmes écrivent ou lisent des lettres, font leur toilette, reçoivent des visites, s'occupent de leur intérieur et de leurs enfants. La virtuosité de l'imitation tactile et optique des étoffes et du cadre de vie explique le succès de ces tableaux de taille modeste. À Delft, Pieter de Hooch et Johannes Vermeer lient ce répertoire à une double réflexion sur les effets lumineux et sur la construction de l'espace comme structure expressive du tableau.
La peinture de genre devient à la fois une description réaliste, un divertissement et une leçon moralisante. Les valeurs morales imprègnent les représentations de la vie quotidienne, à travers soit l'exaltation des vertus domestiques et familiales, soit une condamnation morale implicite ou une incitation à la vertu (Vermeer, Le Verre de vin, vers 1661). De nombreux éléments de l'image ne sont pas la simple figuration réaliste d'objets de la vie quotidienne, mais suggèrent des significations puisées dans les livres d'emblèmes.
Pour citer l'article : « La peinture de genre flamande et hollandaise », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/la-peinture-de-genre-flamande-et-hollandaise/
