La fin du discours tiers-mondiste
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Le discours tiers-mondiste est devenu le signe de reconnaissance d'une culture anti-impérialiste. Mais il est aujourd'hui dépassé, parce que ses fondements et sa justification ont été remis en cause par 3 données fondamentales.
D'abord, la chute du Mur de Berlin en 1989 a entraîné avec lui l'effondrement du mythe de la réussite des économies socialistes, qui alimentait une grande partie du discours tiers-mondiste. Celui-ci ne peut plus opposer au « grand Satan » impérialiste la prétendue perfection des voies socialistes de développement (versions chinoise, cubaine, tanzanienne…) qui ont été présentées durant des années comme les modèles d'un développement équilibré et équitable (grâce à une propagande d'autant plus efficace qu'elle autorisait rarement la vérification sur le terrain). Les notions d'Est et d'Ouest ont perdu leur signification depuis la fin de la guerre froide. Donc, le concept d'un monde sous-développé à la fois enjeu et victime d'un affrontement planétaire entre 2 superpuissances est devenu obsolète.
Ensuite, le développement, indéniable, d'une partie du Tiers Monde montre qu'attribuer perpétuellement les difficultés du Sud à la colonisation et à l'échange inégal ne permet pas d'expliquer pourquoi, aujourd'hui, certains pays réussissent à décoller, tandis que d'autres s'enfoncent.
Enfin, des divergences extrêmes se sont creusées au sein même de l'entité Tiers Monde. Notamment, le fossé entre riches et pauvres des « pays pauvres » est plus profond aujourd'hui que le fossé qui existeentre pays riches et pays pauvres. Cette nouvelle donne rend caducs les discours sur la solidarité historique et naturelle des « nations opprimées » et peu crédible la diabolisation d'un Nord cynique et cupide, opposé à un Sud composé de victimes innocentes et solidaires.