La Confession d’un enfant du siècle, d’Alfred de Musset (extrait)
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Roman en grande partie autobiographique, La Confession d'un enfant du siècle (1836), d'Alfred de Musset, est à la fois le portrait de la génération romantique et l'analyse des causes historiques, politiques et sociales du fameux « mal du siècle », alors que les rêves de gloire de la Révolution et de l'Empire s'en sont allés.
Trois éléments partageaient donc la vie qui s’offrait alors aux jeunes gens : derrière eux un passé à jamais détruit, s’agitant encore sur ses ruines, avec tous les fossiles des siècles de l’absolutisme ; devant eux l’aurore d’un immense horizon, les premières clartés de l’avenir ; et entre ces deux mondes… quelque chose de semblable à l’Océan qui sépare le vieux continent de la jeune Amérique, je ne sais quoi de vague et de flottant, une mer houleuse et pleine de naufrages, traversée de temps en temps par quelque blanche voile lointaine ou par quelque navire soufflant une lourde vapeur ; le siècle présent, en un mot, qui sépare le passé de l’avenir, qui n’est ni l’un ni l’autre et qui ressemble à tous deux à la fois, et où l’on ne sait, à chaque pas qu’on fait, si l’on marche sur une semence ou sur un débris…
Voilà dans quel chaos il fallut choisir alors ; voilà ce qui se présentait à des enfants pleins de force et d’audace, Fils de l’Empire et petit-fils de la Révolution.
Source : Alfred de Musset, La Confession d’un enfant du siècle, livre I, chap. 2, 1836 (extrait)