La Bohème, de Giacomo Puccini : de la polémique au triomphe
Ce document est lié à l'article «
Le succès très relatif de La Bohème de Giacomo Puccini à ses débuts étonne aujourd'hui quand on sait que l'ouvrage a constitué et constitue encore l'un des opéras les plus joués dans le monde.
La Bohème ne reçoit qu'un accueil mitigé lors de sa création en février 1896 à Turin : le public et la critique sont déroutés par divers éléments. L'intrigue, tout d'abord, offre une place prépondérante à la peinture d'un milieu – la bohème –, au lieu de traiter minutieusement l'évolution des passions. La tonalité de l'ouvrage, ensuite, mêle le tragique à la légèreté. La partition, enfin, lie de façon particulièrement novatrice la volonté individuelle au destin collectif. Deux tableaux déplaisent particulièrement : le deuxième et le troisième, qui recèlent précisément les pages les plus novatrices de l'opéra.
Giacomo Puccini souffre par ailleurs de la querelle qui l'oppose à Ruggero Leoncavallo, pur représentant de l'école vériste, également auteur d'une Bohème qui sera créée le 6 mai 1897 à Venise. Prenant quelque distance avec les principes de l'esthétique vériste, il propose dans cet opéra un mélange de lyrisme sentimental, d'intimisme presque romantique et d'impressionnisme musical qui dérange le public. Ce sont pourtant ces traits caractéristiques, alliés à une orchestration raffinée, à une veine mélodique très riche et très sûre, à une utilisation habile de motifs récurrents ainsi qu'à un remarquable équilibre dramatique, qui confèrent à La Bohème de Puccini tout son charme et toute son émotion.
Il faudra attendre quelques modifications dans la partition et la reprise de l'opéra en avril 1896 à Palerme pour que l'ouvrage gagne la faveur du public, qui, depuis lors, n'a jamais faibli.
