L’éruption de la montagne Pelée en 1902
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L'éruption de la montagne Pelée tient une place capitale dans l'histoire de la volcanologie, pour des raisons aussi bien humanitaires que scientifiques. À la suite de la catastrophe, la mise en place d'observatoires scientifiques a été décrétée par les pouvoirs publics. C'est aussi la première fois qu'une nuée ardente et que la construction d'un dôme avec la mise en place d'une aiguille sont décrites. L’expression « nuée ardente » est d'ailleurs créée par Alfred Lacroix à cette occasion.
Les phénomènes précurseurs de l'éruption de 1902 datent de 1889. Ils consistèrent en l'apparition de petites fumerolles dans la caldeira. Ce type d'activité s'était déjà produit en 1792 et en 1851, mais, cette fois-ci, dès le 2 mai 1902, des cendres volcaniques tombent sans interruption. Le 5 mai, le barrage de l'Étang-Sec se rompt, et l'eau se déverse en formant rapidement un lahar qui ensevelit une usine et fait 25 morts. Quelques petits séismes sont enregistrés et, le 8 mai, à 8 heures, une formidable explosion se produit, suivie d'une nuée ardente détruisant tout sur son passage et rasant la ville de Saint-Pierre, où périssent 28 000 personnes, laissant seulement 2 survivants, dont Louis-Auguste Cyparis, un prisonnier qui dut son salut aux murs épais de son cachot.
Une étude des cadavres a montré que beaucoup de gens sont morts à cause de l'onde de choc précédant la nuée ardente à la vitesse de 600 km/h, qui a fait éclater les corps, mais, de toute façon, la température de la nuée ardente était probablement de l'ordre de 300 à 350 0C. Le nombre des morts peut paraître important pour une explosion que de nombreux signes précurseurs pouvaient laisser prévoir. Mais le climat social et politique en est responsable (le gouverneur avait refusé l'évacuation de la ville, car des élections devaient avoir lieu). Cette année-là, 4 autres éruptions de la montagne Pelée firent au total 40 000 morts.
Ainsi, jusqu'au 6 juin, l'activité du cratère reste violente, et on peut noter 3 nuées ardentes semblables à celle du 8 mai (20 mai, 26 mai et 6 juin). Du 6 juin à la mi-août, on observe un calme relatif ; il est suivi d'une recrudescence jusqu'au 30 août, jour où se produit la plus fantastique nuée ardente de l'éruption, qui détruit les villages de Morne-Rouge et d'Ajoupa-Bouillon. Mais la phase finale sera la plus instructive pour les géologues qui surveillent l'éruption, car elle se caractérise par la construction du dôme et la mise en place d'aiguilles rigides. Le dôme atteint 1 353 mètres et ne cessera de s'accroître jusqu'en septembre 1903, où il finira par s'écrouler.