L’affaire Pinochet
Ce document est lié à l'article «
L'arrestation de Pinochet à Londres, en octobre 1998, marque une véritable rupture dans l'histoire de la transition démocratique au Chili. Le feuilleton judiciaire entamé en Europe n'aboutit pas à l'organisation d'un procès, mais il permet à la société chilienne de redécouvrir les années de plomb et ouvre la voie à des poursuites judiciaires.
En mai 2000, le juge Juan Guzmán obtient de la Cour suprême la levée de l'immunité parlementaire de Pinochet. Il l'inculpe d'être responsable de 18 disparitions et 57 homicides et l'assigne à résidence. De plus, alors que la première plainte avait été déposée en janvier 1998, le juge Guzmán dispose d'environ 300 plaintes à la fin de 2001. Enfin, la société chilienne, qui semblait résignée à l'impunité, est désormais majoritairement favorable à un procès au Chili.
Par ailleurs, le nouveau président Ricardo Lagos affirme qu'il veillera à ce que le cours de la justice ne subisse aucune entrave, signifiant clairement l'éviction des forces armées. L'affaire Pinochet se poursuit donc avec une nouvelle levée de l'immunité de l'ex-dictateur en août 2004, son inculpation en décembre dans le cadre d'une enquête sur le plan Condor (élaboré par les dictatures latino-américaines pour coordonner la répression des opposants politiques), des investigations concernant la légalité des fonds déposés sur des comptes aux États-Unis, sa mise en résidence surveillée puis en liberté sous caution en janvier 2005. De plus, un accord est trouvé entre la gauche au pouvoir et l'opposition de droite pour réformer la Constitution issue de la dictature, et un rapport sur la torture est publié en novembre 2004. Enfin, l'élection à la présidence, en janvier 2006, de Michelle Bachelet, fille d'un général resté fidèle à Salvador Allende et mort sous la torture, constitue un puissant symbole. Avec le décès de Pinochet en décembre de cette même année, la transition chilienne est en voie d'achèvement.