Journal, d’Eugène Delacroix : analyse
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Depuis sa première publication, en 1893, 30 ans exactement après la mort de son auteur, le Journal d'Eugène Delacroix n'a cessé d'être considéré comme un des écrits les plus importants de l'histoire de l'art. Ce texte, remarquable par ses analyses et ses qualités littéraires, apporte des éléments de compréhension sur Delacroix, sur son œuvre ainsi que sur son époque.
Le Journal est intimement lié à la vie personnelle et professionnelle d'Eugène Delacroix.
Tel qu'il se présente aujourd'hui, le Journal se divise en 2 parties distinctes. La première, ou « Journal de jeunesse », assez brève, couvre les années 1822-1824, et se réduit à des notations très nombreuses et très rapides, souvent biographiques.
Après une longue interruption entraînée par l'activité débordante de l'artiste, le Journal reprend en 1847 ; il se poursuit jusqu'à la mort de son auteur, en 1863. Beaucoup plus longue, elle est aussi plus dense, Delacroix n'hésitant pas à développer ses idées. Il est vrai qu'il y est poussé par la maladie qui le retient chez lui. Dans ce second Journal, Delacroix incorpore des notes préparatoires à d'autres écrits (comme le Dictionnaire des Beaux-Arts envisagé juste après son élection à l'Académie des beaux-arts, au début de l'année 1857). Il y recopie aussi des passages tirés de ses lectures, y intercale des dessins. Aux éléments d'ordre purement biographiques s'ajoutent ses réflexions sur la peinture et, plus largement, sur les arts graphiques, qui éclairent le choix d'un sujet, d'une composition, d'une harmonie colorée.
Delacroix, grand lecteur et amateur passionné de musique, qui connut le Tout-Paris des arts et des lettres pendant un demi-siècle, s'exprime longuement sur la musique et la littérature. On découvre ainsi une conception globale de la création artistique, pour conclure à la domination de la peinture sur la littérature et la musique. Là où ces dernières nécessitent du temps pour écouter l'œuvre ou pour la lire, la peinture offre au premier regard une impression globale qu'il est ensuite possible de détailler, mais qui restera d'autant plus forte qu'elle s'est manifestée immédiatement.