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Honoré Daumier, caricaturiste politique et de mœurs

La réputation d’Honoré Daumier va se jouer entre les 2 mouvements populaires de 1830 et de 1848. Le talent de Daumier pour la satire et la caricature éclate dans ce contexte d'effervescence politique et sociale qui caractérise le règne du « roi bourgeois ». Avec Honoré Daumier, la caricature est liée à l'histoire et devient la chronique la plus sûre de son époque.

Honoré Daumier compte parmi les tout premiers collaborateurs du célèbre journal de satire politique de l'époque La Caricature, fondé en 1830 par Charles Philipon. Ses lithographies connaissent le succès. Cette tendance se confirme lorsqu’il réalise pour la vitrine du journal une série de bustes-charges en terre crue colorée représentant quelques-uns des membres les plus en vue de la droite politique : ministres et députés conservateurs, journalistes gouvernementaux et familiers du monarque, tous violemment hostiles à la presse républicaine, voire au mouvement romantique, aux tendances les plus avancées de l'art et de la littérature. Exécutés de mémoire en atelier, ces petits bustes servirent d'abord à Daumier de modèles pour ses portraits lithographiés. En accusant les particularités physionomiques de ses personnages, Daumier les ridiculise, mais il révèle aussi leur personnalité profonde, dénonçant du même coup la corruption du système qu'ils incarnent.

La dérision pouvait saper les bases mêmes du régime. En 1831 et 1832, la publication de 2 lithographies stigmatisant les vices de la monarchie de Louis-Philippe, Gargantua et La Cour du roi Pétaud, valut à l'artiste d'être incarcéré pendant 6 mois.

Cette expérience marque un tournant dans la vie de Daumier. Il réalise peu de caricatures politiques, excepté Le Ventre législatif, Rue Transnonain et la statuette de Ratapoil (1851-1852) modelée à l'image des partisans d'un régime méprisé par l'artiste. L'œuvre politique de Daumier s'arrête pratiquement avec la loi du 29 août 1835 contre la liberté de la presse. Avec la suppression de La Caricature, l'artiste s'oriente vers la satire des mœurs de son temps, qui sera publié dans un autre journal, Le Charivari, fondé par Philipon en 1832. Son œuvre gravé est principalement dédié à ce genre : citons Les Cent Robert Macaire, Les Philanthropes du jour, Les Gens de justice, Locataires et propriétaires, Les Divorceuses, Les Trains de plaisir, Messieurs les bouchers.

Pour citer l'article : « Honoré Daumier, caricaturiste politique et de mœurs », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/honore-daumier-caricaturiste-politique-et-de-moeurs/

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