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Eugénie Grandet, d’Honoré de Balzac (extrait) : le narrateur omniscient

Dans Eugénie Grandet (1834), comme dans beaucoup de ses romans, Honoré de Balzac commence par dresser un panorama détaillé du lieu (ici, la ville de Saumur), où se déroule le roman. Progressivement, il restreint son champ de vision et finit par conduire le lecteur à la maison (ici, celle de monsieur Grandet, qui sera le théâtre de l'action.

La vie est presque toujours en plein air : chaque ménage s'assied à sa porte, y déjeune, y dîne, s'y dispute. Il ne passe personne dans la rue qui ne soit étudié. Aussi, jadis, quand un étranger arrivait dans une ville de province, était-il gaussé de porte en porte. De là les bons contes, de là le surnom de copieux donné aux habitants d'Angers qui excellaient à ces railleries urbaines. Les anciens hôtels de la vieille ville sont situés en haut de cette rue jadis habitée par les gentilshommes du pays. La maison pleine de mélancolie où se sont accomplis les événements de cette histoire était précisément un de ces logis, restes vénérables d'un siècle où les choses et les hommes avaient ce caractère de simplicité que les mœurs françaises perdent de jour en jour.

Après avoir suivi les détours de ce chemin pittoresque dont les moindres accidents réveillent des souvenirs et dont l'effet général tend à plonger dans une sorte de rêverie machinale, vous apercevez un renfoncement assez sombre, au centre duquel est cachée la porte de la maison à monsieur Grandet.

Source : Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, 1833 (extrait)



Pour citer l'article : « Eugénie Grandet, d’Honoré de Balzac (extrait) : le narrateur omniscient », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/eugenie-grandet-d-honore-de-balzac-extrait-le-narrateur-omniscient/

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