Des jardins de l’époque classique : Vaux-le-Vicomte et Versailles
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André Le Nôtre conçoit les jardins à la française de Vaux-le-Vicomte et de Versailles. À partir d’une immense plate-forme élaguée sur le paysage, Le Nôtre débute les travaux d’ornementation des jardins de Vaux-le-Vicomte : des parterres aux arabesques sophistiquées, des miroirs d'eau, des cascades, des fontaines, des grottes, un canal et des sculptures. Pour Louis XIV, Le Nôtre adaptera ce principe à la topologie de Versailles.
Le premier « jardin à la française » est celui du château de Vaux-le-Vicomte (1656-1661), établit par le surintendant des Finances Nicolas Fouquet. L'architecte Louis Le Vau collabore avec un jeune dessinateur, André Le Nôtre, qui deviendra le plus grand « jardinier » de son siècle. Le style qu'ils mettent au point est une synthèse des éléments français et italiens. Il y a des terrasses et des plans conjoints, comme en Italie, mais les plans sont immenses, la dénivellation entre eux faible, et la perspective issue du château se prolonge par un canal, avant de culminer sur une lointaine statue d'Hercule. L'ensemble donne l'impression d'une clairière enserrée de toutes parts par un mur de frondaisons. Au moment de la création, il y avait de l'eau qui apportait le mouvement et la vie : des jets d'eau innombrables jaillissaient le long de l'allée centrale. Ce jardin était un ravissement pour les yeux et représentait le symbole du triomphe de l'Esprit sur la Nature, la scène immense d'un théâtre où se jouaient les allégories.
Le parc de Vaux-le-Vicomte servit à Le Nôtre d'exercice pour Versailles, qui reste l'exemple le plus achevé du style « français » : un immense opéra de verdure, de marbre et de bronze, animé par les eaux. La mythologie triomphe, comme jadis dans le jardin romain. Dans le château de Versailles de Louis XIV existaient aussi des automates, aujourd'hui disparus : un arbre de bronze aux feuilles de fer, d'où s'échappaient des fontaines. Deux buffets de marbre semblaient offrir au visiteur des verres et des carafes, qui n'étaient que des jets d'eau de formes imprévues. Mais ces bizarreries ne comptent guère à côté de l'architecture du jardin, conçue comme une merveilleuse clairière dans une forêt touffue. Un parc de l'époque classique est toujours un lieu d'enchantement, où l'art remplace la nature, où l'emprise ingénieuse de l'homme impose sa loi, mais où demeure aussi un sentiment profond de la vie mystérieuse et libre des forêts.