De la tragédie au drame
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« C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir, qu'on est pris. [...] Dans le drame, on se débat parce qu'on espère en sortir. C'est ignoble, c'est utilitaire. » Comme dans cette citation d'Antigone, Jean Anouilh oppose volontiers la fausse grandeur du tragique aux drames qu'il écrit. Dans ceux-ci, ses personnages doivent souvent affronter la banalité du quotidien : ils sont plus grands que les situations qu'ils doivent affronter.
Toute l'œuvre de Jean Anouilh se situe sous le signe de la pureté blessée. Qu'il s'agisse de la jeune Antigone, dont l'innocence est profanée par le cynisme de Créon, de Thérèse, l'héroïne de La Sauvage, ou de Gaston, le personnage central du Voyageur sans bagage, tous traînent derrière eux une enfance déçue. Le couple et la sexualité sont décidément invivables et l'argent pourrit tout. Seuls les pauvres et les chastes préservent leur pureté, mais les circonstances de la vie font que, précisément, on ne peut rester ni pauvre ni chaste.
