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Colloque sentimental, de Paul Verlaine

Dans son recueil Fêtes galantes (1869), Paul Verlaine s'inspire des tableaux de Watteau et des figures de la commedia dell'arte pour ressusciter un 18e siècle de fantaisie. Mais la mélancolie y remplace le plaisir. Et la comédie des sentiments se transforme en ballet fantomatique, comme dans ce Colloque sentimental qui clôt le recueil.

Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.

– Te souvient-il de notre extase ancienne ?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?

– Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? – Non.

– Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! – C’est possible.

– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
–  L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Source : Paul Verlaine, Fêtes Galantes, « Colloque sentimental », 1869



Pour citer l'article : « Colloque sentimental, de Paul Verlaine », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/colloque-sentimental-de-paul-verlaine/

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